Appel à la mobilisation de la communauté médicale contre les pesticides – Marche du 5 avril 2025

13 mars 2025 | Actualités

Cher·es collègues,

En tant que professionnel·les de santé, nous sommes quotidiennement témoins des conséquences dramatiques des pesticides sur la santé humaine. Le consensus scientifique est clair et alarmant : ces substances, présentes dans l’air, l’eau, les sols et notre alimentation, contribuent à une explosion de pathologies évitables. Cancers, obésité, diabète, maladies neurodégénératives, troubles de la fertilité et du neurodéveloppement… Les systèmes de santé, déjà fragilisés, sont submergés.

Pourtant, face à cette crise sanitaire silencieuse, les réponses politiques et réglementaires restent insuffisantes, voire régressives.

Le 5 avril 2025, à Paris, une marche historique aura lieu pour exiger l’interdiction des pesticides et promouvoir une agriculture respectueuse du vivant. Cette initiative est une opportunité unique pour la communauté de la santé de se mobiliser et de faire entendre sa voix.

Pourquoi cette marche nous concerne-t-elle en tant que soignant·es ?

L’exposition aux pesticides, massive et généralisée, menace la santé publique.

Comme le montre l’expertise collective menée par l’INSERM en 2013 et mise à jour en 2021, les agriculteur·rices utilisant des pesticides, ainsi que les riverain·es de zones d’épandages sont les premières victimes : risque accru de cancers (prostate, lymphomes), de maladie de Parkinson et de troubles cognitifs chez les adultes, leucémies, tumeurs du système nerveux central et troubles du neurodéveloppement chez les enfants. Outre ces populations, sommes tous et toutes concerné·es via l’eau et nos aliments. Une étude récente montre que plus de 50 % des fruits et 25 % des légumes cultivés en conventionnel contiennent des résidus de pesticides. Même à faible dose, ces substances s’accumulent dans l’organisme et contribuent à l’épidémie de maladies chroniques : obésité, diabète, cancers du sein (la France est numéro un mondial), troubles de la fertilité (la qualité du sperme a chuté de 30 % en 40 ans), pubertés précoces, endométriose, troubles du spectre autistique… de nombreuses maladies pourraient être évitées en réduisant l’exposition aux pesticides, dont certains sont des perturbateurs endocriniens.

Couper le robinet de la pollution chimique :

Pesticides cancérogènes et reprotoxiques, PFAS[1], perturbateurs endocriniens, microplastiques… cette contamination généralisée et durable des milieux est devenue incontrôlable, entraînant le dépassement d’une limite planétaire. Nous sommes légitimes pour lancer l’alerte, afin d’alléger le cocktail de produits chimiques auquel nos corps sont exposés[2] pour réduire le fardeau sanitaire et économique des maladies chronique, protéger les populations les plus vulnérables – femmes enceintes, fœtus, enfants, adolescents, personnes âgées – et les générations futures, car beaucoup de ces polluants sont persistants. En effet, des pesticides interdits depuis des années sont encore retrouvés dans les corps et les milieux, comme le Chlordécone[3] en Guadeloupe, qui détient le triste record de champion du monde du cancer de la prostate. Et cette injustice n’est pas que temporelle, elle est aussi spatiale et coloniale, car certains pesticides interdits en Europe sont exportés vers les pays du Sud, contaminant les populations locales et revenant dans nos assiettes via les importations. L’action sur les systèmes alimentaires a toute sa place dans la réduction des causes des maladies : une vaste étude de cohorte a montré qu’une alimentation biologique réduit de 25 % le risque de cancer.

Sécurité alimentaire : des solutions existent

L’agriculture biologique, l’agroécologie et la réduction drastique de l’usage des pesticides sont des solutions éprouvées pour nourrir sans nuire. Les pratiques agroécologiques sont également moins vulnérables au réchauffement climatique, et moins dépendantes des engrais chimiques phosphatés qui participent à la contamination de la population en cadmium. La transition à grande échelle vers une agriculture sans pesticides est possible, mais elle nécessite une volonté politique et un soutien aux agriculteur·ices. 

Personnalités politiques, agriculteur·rices, scientifiques, professionnel·es de santé, société civile : unissons-nous pour la santé

Nous vous appelons à rejoindre cette marche pour lancer l’alerte en tant que soignant·es, demander une action sur les causes évitables des maladies, faire entendre la voix de nos patient·es et nous se rassembler autour d’une cause commune : défendre la santé face aux pesticides. En repensant nos systèmes alimentaires en termes de santé, nous pouvons réconcilier agriculture et écologie.

 

Rejoignez-nous le 5 avril 2025 :

La marche partira à 14h du Muséum National d’Histoire Naturelle pour se terminer devant le ministère de la Santé. Cette action déclarée sera festive et familiale, et de nombreuses associations ont déjà annoncé leur présence.

Ensemble, exigeons :

– L’arrêt de l’usage des pesticides en France, en Europe et dans le monde. 

– Un accompagnement des agriculteurs/rices vers des pratiques agroécologiques. 

– Une politique agricole qui concilie santé, environnement et sécurité alimentaire. 

 

Quelques associations présentes le 5 avril : Agir pour l’environnement, Médecins du monde, Scientifiques en Rebellion, Alerte des médecins contre les pesticides, Secrets toxiques, Générations Futures, Alternatiba, Greenpeace, Confédération paysanne…

Mélanie et Marie, pour l’Alliance Santé Planétaire

PS : N’hésitez pas à relayer cet appel à vos collègues et à vos réseaux. Plus nous serons nombreux, plus notre voix portera. 

 

[1] Substances poly et perfluoroalkylées, très résistantes, quasi-eternelles retrouvées dans l’eau, l’alimentation, les poêles en Teflon, les cosmétiques… 2/3 des pesticides sont des PFAS.

[2] Voir les études de biosurveillance nationales et internationales : Esteban (France), HBM4U (Europe)

[3] L’étude KANNARI publiée en 2013 par l’ANSES et Santé Publique France retrouvait du Chlordécone chez 90% de la population de Guadeloupe, alors que ce pesticide est interdit depuis 1993